Glissant dans les ténèbres du dédale des ruelles de la cité endormie, l’assassin suit sans répit le cortège du marchand Gorlak véreux. Une fois, l’un de ses gardes a braqué son regard vers le coin sombre où il se tenait, sa dague à un jet de sa gorge, mais le sot incompétent n’a pas su le voir. Ou seulement imaginer ma présence. Les cents points ont scellées le destin de ce petit seigneur. Il est temps d’accomplir la mission qui lui a été confiée. Rien n’est plus affligeant que de traquer une proie pathétique suintant la peur à plus de cent mètres.
Les gardes soulagés d’avoir parcouru la moitié de leur chemin sans embûche réagissent mal au bruit illusoire qu’il créée sur leur gauche. Tandis qu’il fond sur eux depuis leur flanc droit. La déception de voir des ennemis se faire leurrer par une diversion aussi grotesque accompagne son bras lorsqu’il tranche les deux plus proches. Deux dagues lancées simultanément abattent le guide et le seul guerrier ayant enfin remarqué sa présence. Trois font volte-face lors de son jappement de douleur. Leur regard envahi par la peur et l’incompréhension lui arrache alors un sourire contrit.
Dégainant deux nouvelles lames et ralentis, invitant les gardes à charger. Le pied véloce et le mouvement fluide, il se coule entre eux alors qu’ils ne brassent que de l’air avec leurs moulinets maladroits. L’aine, l’aisselle, la gorge. Le premier s’effondre, tranché. La cuisse stoppe l’élan du second, le cœur, sa course futile. Le dernier tourne les talons. Le dos. Loin d’être son favori, mais de circonstances pour ses couards.
- Je…je rendrai l’or ! balbutie Moktar livide et suant de peur. Lui qui était devenu vieux et qui avait besoin d’une escorte désormais épargne-moi…Dis à ton maitre que je..
Le front. Brutal et impitoyable. Le Gorlak s’écroule dans ses fourrures et ses bijoux. L’assassin disparu dans la nuit avant que son corps ne touche le sol.
L’ombre a tué Moktar…