De grands cris retentissaient dans la plaine de Luk’maar, faisant s’envoler les oiseaux et fuir les animaux.
Précédent ces cris furieux, venait Gurtek, hache brandie, tâchée de sang frais, qui courrait dans tous les sens à l’aide de ses petites jambes trapues.
Le gorlak chassait de quoi se nourrir et avait déjà, pour ce faire, massacré et grossièrement dépecé des dizaines de proies.
Vers la fin de l’après-midi, il se trouva littéralement surchargé.
Croulant sous le poids des carcasses sanguinolentes des créatures qu’il avait abattu à grands coups de hache toute la journée durant, il se dirigea d’un pas lourd jusqu’à Luk’maar.
Là, il se rendit en l’une des deux tavernes de la cité – la plus rapprochée, celle se trouvant à l’extérieur de l’enceinte.
Il y fit cuire toute la viande qu’il avait récoltée, s’empiffra comme un porc et but comme un trou toute la soirée.
Après une journée aussi agitée, il s’endormit contre la table de la taverne et s’apprêta à ronfler toute la nuit au milieu des restes de son banquet, personne n’osant le réveiller.
Quand soudain, le son des cors résonna et le sortit de sa torpeur.
Il se leva brusquement, de mauvaise humeur, et alla voir de quoi il en retournait.
En sortant dehors, il n’eut qu’à suivre une bande de gorlaks pour découvrir qu’avait lieu un rassemblement de guerriers, sur le pavé, à l’ombre du donjon.
Il se joignit aux fiers combattants luk’maariens et sa présence ne manqua pas de se faire remarquer.
Le général des armées se tenait sur les marches du sinistre château et harassait les troupes.
À la fin du rassemblement, Gurtek fut pris à part par un gorlak suite à une altercation qu’ils avaient tout deux eue.
Étrangement, le gorlak, à lui et à un autre péon, lui offrit de se joindre à lui pour l’aider à s’emparer du pouvoir et à devenir un grand guerrier.
Gurtek ne comprit pas grand-chose de leur entretient, mais à la fin, le guerrier l’amena à l’écurie et lui acheta, ainsi qu’à l’autre, l’une de ces montures au pelage cotonneux que l’on appelait lamas.
Au début, le gorlak, défiant à son égard, ne l’aimait guère; il le nomma << Tètdekon>>.
Mais, la première fois qu’il monta sur le dos de l’animal, qui semblait souffrir sous le poids de son cavalier, il s’amusa tant et si bien qu’il en vint à se dire que jamais il ne s’en séparerait.
Bien sûre, parole de gorlak que cela !
Après quelque pas de trot, la bête se mit à ruer violement dans le but de désarçonner son propriétaire.
Gurtek tomba à deux reprises dans la boue et se jura alors qu’il mangerait un jour Tètdekon, qui semblait le regarder d’un air provocateur.
Alors qu’il se débattait avec son tout nouveau lama, tout près avait lieux une conversation des plus officieuses…
Le roi des gorlaks en personne discutait avec deux de ses seigneurs et un grand sorcier que tout le monde redoutait.
Celui-ci vint à rencontre, tandis qu’il menaçait Tètdekon des pires tourments, et le rappela à l’ordre devant le roi.
Gurtek se jeta au pied du grand chef de guerre de la Horde et de tous les gorlaks.
Le roi daigna à peine le regarder et il en profita pour prendre la poudre d’escampette, sur le dos de son lama.
Quelle journée!
Le gorlak se mit en l’idée de retourner à la taverne poursuivre ce qu’il avait commencé.
Puis, il songea qu’il commençait a avoir faim…