Soirée agité à la taverne.

Zuggtmoy avait perdu quatre de ses hommes dans l’affrontement qui avait précédé la capture de sa toute nouvelle prise : un Hastane d’âge mûr, richement vêtu, et affirmant faire parti de l’aristocratie citriasienne. Croyait-il vraiment que son titre et la promesse d’une bonne rançon le sauveraient de tout tourments?
Pourtant d’une humeur meurtrière, Zuggtmoy songea néanmoins à tout l’or qu’il pourrait se faire s’il renvoyait ce vieux geignard de noble sain et sauf, ou presque, à Citrias. Il décida d’aller boire un coup à cette idée et de commencer à sélectionner de nouvelles recrues pour pallier au manque de ses quatre grunts perdus.
Il pénétra sans trouble dans le désordre et la clameur, poussant l’Hastane qui semblait être incapable de se tenir debout. Toisant, l’aire farouche, l’assemblée, il eut la surprise d’être bousculer par l’un de ces misérables vauriens de saoulard. Zuggtmoy, grunt officier capitaine, en avait tué pour beaucoup moins que ça!

Bâh'rruk était assis au fond de la taverne lorsqu'il vit le Péon, Darkug, bousculer les autres au passage et Naguk l'aggriper au colet. Le Gorlak se leva lentement du banc où il était assis pour ensuite se diriger vers les autres. Un énorme gourdin en bois, fêlé à plusieurs endroits, était accroché dans son dos.

-Purqwa douba le faire cumbattre dans nutre arène!? En parlant du Hastane Har Har! S'il survivre, il pouvoir repartir! Mais..Je douba croire qu'il s'en surtira...

Le Gorlak regarda un à un les autres, en attente d'une réponse, même la plus directe soit-elle.

Zuggtmoy, la mâchoire crispée, jeta un oeil morne sur l'ensemble des occupants de la Tavernes en répondant, avec irritation, à quelques unes des suggestions qui fusaient de toute part :

« Ils utrr trop fublards, Zuggtmoy uccorder plus de vuleur aux chiens qu’u ces musérables… Tutefois, Zuggtmoy suvoar que son prusonnier vuloar tru, tru cher et que il puvoar lui rupporter un max de pièces d’or. Ulors gare à celui qui osera luver lu main sur lui !

Quant u toa, jeunot, tu utrr qu’un salle bleu de péon. Tu uller payer tru cher d’uvoar oser porter la main contre le cap’taine Zuggtmoy ! »

À ces mots, Zuggtmoy se saisit brusquement de la main du Hastane ; petite dans l'énorme main verte aux ongles noirs, la main du magistrat portait une grosse bague en or. Un Gorlak à moitié saoul s'approcha, les yeux ronds, ainsi que quelques autres :

"On purrait lu vendre, héhéh! Çu doa vuloir une furtune!!"

Ceci dit, il approcha la main légèrement pour être brutalement repousser par Zuggtmoy.

"Bats les putte! L'idée de ce pigmé plaire u Zuggtmoy... On vu couper ce doigt uveck l'unneau et l'envoyer u Citrias. Ils ruconnaitront biun ulors, messir??"

Zuggtmoy questionna l'Hastane effrayé du regard, alors que Gruzkork et son propre prisonnier était témoin silencieux de la scène.

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Les deux Gorlaks, Gruzkork et Zuggtmoy, grognaient tout en se menaçant du regard ; ils s’apprêtaient à en venir aux poings, quand la prise de tête attira l’attention de la plupart des occupants de la taverne. Soudains, des suggestions s’étaient mises à fuser de part et d’autre du rassemblement : « Har har har ! Embrocher, comme du vulgaires fumelles ! », « Douba ! Mwa dire : on les écorcher ! », « Uh hu uh ! Burdel de murde, les gars, ça riiime on puvuar fuirr les deux ! » L’hilarité s’empara de l’auberge toute entière et c’est l’intervention d’Arzoukoum qui y mit fin. Entre temps, les deux hastanes s’étaient rapprochés et le plus riche tremblotaient dans les bras de l’autre.

L’un était aussi humblement vêtu qu’un religieux et en portait les ornements tandis que l’autre faisaient l’étalage d’une grande richesse avec ses vêtements colorés et attrayants, néanmoins souillés de boue et de sang, et avait dû être orner de belles parures dont on l’avait certainement dépouillé, car il semblait, ainsi, d’apparence vide d’intérêt et pourtant nul ne pouvait douter de son alignement.
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Zuggtmoy s’en approcha, abandonnant pour de bon son rival à ses imprécations, il se saisit de sa prise par la nuque et le projeta violement contre le sol, dans le cercle former par les prémices d’une bataille soudaine, mais interrompue.

-« Ruponds, muscles moues ! »

D’instincts, l’hastane leva une main pour se protéger des coups, il bégaya :

-« Je.. je.. vous en pr.. pris, Monseigneur ! Je me nomme Richard, Richard de Montségur, par Odéon et Sa Majesté, ambassadeur du sainte Empire envers lequ.. qu.. quel, je me défends de vous le rap.. rappeler, votre peuple doit… »

Zuggtmoy se pencha et saisit Richard par sa chevelure cette fois, tremblant de rage et de haine.

-« Doat ? Arrrh ! Nutre peuple, ne doat rien u personne! La Horde utrr libre et riun ni pursonne ne puvoar la soumettre, la Horde utrr comme étalons sauvages ; biun membrée et inchevauchable !! Ulors, qu’es-ce que tu disais, verrrrmine ? »

-« C’est faux, peaux vertes, il n’y a pas une décennie que l’Empire a mis en déroute ce ramassis de sauvages dégénérés désorganisés auquel vous octroyiez titre d’armée. Intervint l'autre captif tout en retirant sa toge brune pour dévoiler le blason impérial. Je le sais, car j’y étais : S’embourbant dans son immense orgueil -fier de son nombre quatre fois supérieur au nôtre- autant que dans ses gestes inarticulés, cette marée ondoyante se brisa contre l’implacable bouclier des armées de l’Empire dont la cavalerie, moult glorieuse et adulée, n’eut qu’à s’abattre tel le glaive de la justice ! Votre chef, BannièreSanglante, à été vaincu et tout espoir de revanche ainsi annulée. Je me nomme, Guillaume, et suis le féal du seigneur que vous tenez –il est d’ailleurs, l’unique raison pour laquelle je me suis laisser prendre- je suis charger de le protéger et vous mande, au nom d’Odéon et du Roi, de le libérer ! »

…