Pénétrant sans façon de la chambre que le marin partageait avec une splendide femelle, Grashmak avait extirpé Krall du lit confortable ou il s’était accordé un moment de répit et de l’agréable compagnie avec qui il s’y trouvait.Le secouant quelque peu, il le força à se rhabiller et lui annonçait qu’ils s’en allaient à la chasse. Ou, quand, comment ? Il ne le précisa pas et cela n’eut même pas traversé l’esprit de Krall de le demander.
Quittant, non sans regrets, la jeune et belle femelle gorlak, le capitaine, tout fringant, emboîta tant bien que mal le pas de son frère, hâtif, qui grimpait rapidement à l’étage. Là, ils avalèrent en vitesse un repas rudimentaire composé de viande et de quelques légumes verts, burent d’une traite leurs bocks de bière et s’en allèrent à l’aventure, pressés par Grashmak, aussitôt qu’Urg eut franchit le seuil de la taverne.
Parcourant la jungle tropicale ou la chaleur et les insectes accablaient les gorlaks, ils arrivèrent sur l’une des plages qui bordaient la rive est des environs de Luk’maar. C’est en cette endroit qu’avaient jetés l’encre les deux embarcations que possédait Urg. Cet ancien forgeron – devenu riche de son métier – mais qui avait, depuis quelque temps, laissé tomber le marteau et l’enclume pour expérimenter le produit fini de toutes ses longues années de labeur, paraissait confiant quant à leur destination et à l’abondance de leur futur butin.
Tous conscients de sa qualité de navigateur et de capitaine, ils confièrent à Krall les commandes du navire et lui demandèrent de les amener jusqu’en mers kardariennes. Sans poser de questions, Krall obéit et commença à beugler ses ordres sur tout le navire. Il admonesta et disciplina de nombreux rameurs de l’équipage d’Urg qui, ravit d’avoir enfin un bon maître à bord, voyait ses péons pagayer comme des fous avec un contentement tiré du sadisme et de l’autorité abusive de Krall.
Cela faisait quelques heures qu’ils naviguaient ainsi lorsqu’ils arrivèrent en vue du port Kardar ou s’afféraient de nombreux bateaux de commerçant. Mais, les gorlaks n’étaient pas venu si loin pour un simple pillage. Ils poursuivirent leur route, sans itinéraire, en suivant les indications plutôt douteuses de Grashmak qui prétendait s’y être déjà rendu à de nombreuses reprises. Ou donc ? Krall finit par le lui demander :
- Dis dunc, mon frure, sais-tu vruiment ou tu nous diriges comme ça !?
Mais son frère s’abstint de lui répondre, il hurla plutôt, en apercevant à l’horizon les cotes d’un île, déserte en apparence :
- Terre, nous y voilà !
Et l’on accosta sur cette île.
À peine les trois gorlaks eurent-ils mis pieds à terre qu’une horde de morgalins sauvages se jetèrent sur eux. Krall, qui était juché sur son fidèle BroieCrane, ne put effectuer une retraite, tels qu’Urg et Grashmak, qui combattait et repoussait ces créatures sur le navire. Assaillit de toute part, il réussit néanmoins à se frayer un chemin parmi ses adversaires et à faire bondir sa bête à bord.
Ramant comme jamais, les péons qui craignaient pour leur vie réussirent à dégager le drakkar gorlak en moins de temps qu’il ne le fallut pour le dire et les aventuriers retournaient, vaille que vaille, sur les mers.
- Huhu ! Je crois m’utrr trumper de direction, c’est plutôt.. Hmmm… Pur-là !
Cette fois-ci, Grashmak sembla convaincu. Les trois compagnons reprirent donc la route en riant de leur dernière échauffourée, mimant leurs faits et gestes et se moquant de la pitoyable offensive de ces stupides morgalins.
Et puis, soudain, le drakkar heurta la terre…
Ils étaient enfin arrivé.
Méfiant, ni Krall, ni Urg, n’étaient au courant de ce qu’ils rencontreraient sur cette île maudite ou la végétation était si dense que les rayons du soleil couchant ne filtraient pratiquement pas à travers le feuillages des arbres immenses qui les surplombaient.
Seul Grashmak savait réellement à quoi s’attendre et, comme ne semblait que calme et sûreté, on le suivit sans poser de question.
Bien que l’obscurité gagnait pratiquement la forêt toute entière, la chaleur était complètement insupportable et, alors que Krall commençait à se plaindre, les trois guerriers aperçurent plusieurs pairs de yeux rougeoyants qui brillaient dans le noir…
Sans nuls craintes, Krall, son frère Grashmak et leur camarade Urg, se lancèrent à l’assaut de ces créatures mystérieuses qui avaient l’allure de petits démons.
Rusés et impitoyables, ces créatures lançaient boules de feu sur éclairs aux trois combattants et ricanaient jusqu’à leurs derniers souffles, conjurant les forces démoniaques qu’elles servaient, avant de mourir en maudissant les gorlaks et leurs descandances.
Après plusieurs heures de folles poursuites et de combats acharnés dans la jungle torride, ils arrivèrent enfin à l’orée d’une petite clairière ou ourdissaient ces petits monstres agités de cruelles représailles.
Dans cette clairière se livra une bataille sans merci.
Se jetant les uns contre les autres, l’acier fendait et tailladait du diablotin de toute part et des éclairs, des boules de feu ainsi que d’étranges décharges destructrices jaillissaient de ces petits sorciers qui tombaient les uns après les autres.
Jusqu’à ce qu’enfin les trois combattants puissent se reposer et reprendre leurs souffles.
Croyant être venu à bout de toute les créatures de cette jungle maudite, ils voulurent l’endroit plus en profondeur et tombèrent sur des monstres plus redoutables encore que ces démons.
Grands et larges d’épaules, ils avaient le dos hérissés de cornes pointus et le corps entièrement recouvert d’écailles. Il s’agissait d’hybrides formés à la fois d’hommes et de lézards. Primitifs, ces reptiles bondirent sur les aventuriers et ne firent qu’une bouchée de ces guerriers blessés et épuisés.
C’est là que l’aventure de Krall commença…
