Le background était fait depuis toujours, mais je ne l'avais jamais publié : En avant !
A droite, des arbres noirs aux branches ruisselantes et des herbes courtes broutées par un hiver cruel. A l’alentour, des bois nus et quelques lieux plantés de pins. La journée était lumineuse, la neige avait fondue mais le froid empêchait encore le sol de se transformer en boue. Ils avancèrent encore jusqu'à ce qu’une plaine apparut. Le soleil brillait de son vif éclat et fit reluire à quelques toises de là les coiffes, harnois et armes d’une troupe d’Hastanes en reconnaissance. Derrière eux, quelques chaumières.
Le chef des Gorlak leva la main, tous s’arrêtèrent. Il en fut de même pour leurs ennemis. Les mains de Caraennyn se crispèrent sur les rênes de sa monture. De sa main, il tapota la dure et tiède encolure du grand cheval. Il mit pied à terre alors que son destrier l’observait de son œil d’onyx frangés de cils épais : Il semblait atteint d’une inquiétude plus puissante encore que celle de son maître. Il allait falloir combattre. Le commandement fut donné et un glissement d’épée suivi d’autres se firent entendre. Quelqu’un sonna l’oliphant. Caraennyn se rua vers ses ennemis, il savait qu’il avait des couillons biens accrochés, mais il ne les sentait plus ; il tenait son épée des deux mains et la trouva soudainement lourde… Il devait faire montre de courage, de forcennerie, de cruauté. Son rang lui imposait, plus que n’importe qui ce jour là et pour sa première bataille, de réaliser quelques appertises guerrières ; alors il ne cessa d’éperonner sa peur pour se sentir a la hauteur de ses pairs, à la hauteur de son père.
Il couru si vite qu’il devança de quelques bonnes enjambées ses compères d’arme et bientôt Caraennyn se trouva comme avalé par la cohue. Il se merveilla de ne pas s’être empalé sur une lance ou encore sur l’estoc d’une épée lors du heurt.
Du sang jaillit ! Un blessé hurla, puis un autre. Il marcha sur un corps. Une fureur le prit, des émotions encore jamais ressenties. Il éprouvait une sorte de joie à frapper ces vermines et à les voir saigner pour finalement mourir dans des hurlements de douleur et de souffrances horribles... Il reçut un coup sur son casque, puis un deuxième. La vervelle qui maintenait la ventaille céda, lui obstruant la vue : Il ne voyait plus et se battait à la désespérade. Un autre coup, a l’épaule cette fois. Il continua d’assener des coups jusqu’à ce que les derniers guerriers hastanes prennent la fuite…
Le jeune guerrier Gorlak enleva son casque. Echevelé, haletant, grimaçant, l’épée sanglante à la ceinture, il soutenait son bras dextre. Il était heureux mais s’efforçait de n’en rien laisser paraitre. Heureux d’être vivant, fier d’avoir occis quelques hommes. Une légère brise apportait à ses narines une odeur de braises et de charpentes ardentes qui ne lui était pas désagréable, et remarqua alors que ses frères d’arme n’avaient point tardés pour piller et bouter le feu aux chaumières non loin de là.
Le chef des Gorlaks, Azgar, doublé de son père, passa a proximité de lui, lui envoyant une tape sur l’épaule. Il venait d’être dépucelé, car s’il existe des puceaux pour l’amour, il en existe aussi pour la guerre.
