Éclipse totale

Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 22/04/2008

C’était une journée d’automne ensoleillée. Isabella vagabondait près de la croisée, portant Pantoufle avec elle. Soudain, celui-ci s’agita pour aucune raison et bondit de ses bras. Elle se lança à sa suite, vers le Nord, ce qui la mena là où les hastanes ne devraient pas s’aventurer. Dans sa course pour rattraper le chaton, l’écharpe qui entourait son cou délicat s’envola.

-Pantoufle reviens tout dé souite!

Elle trébucha puis s’étala au sol, lorsqu’elle entendit le piaffement d’une monture. En redressant la tête…

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En redressant la tête, elle sut instantanément qu’il n’y avait plus aucune issue.

Elle se releva précipitamment, paralysée par la peur qu’il lui inspira. L’imposant gorlak la dévisageait du haut de son destrier, décrivant des cercles autour d’elle, comme un aigle qui survole sa proie. Il descendit lourdement de selle, un bruit métallique accompagnant chacun de ses gestes, puis s’avança vers elle. La toute frêle fut assujettie par un sentiment d’effroi, reculant sous l’approche menaçante. La prise d’Urtok, c’est ainsi qu’il la désignait.

Il se rua sur elle, parvenant à l’attraper par les brides de sa cape, alors qu’elle voulut s’enfuir dans une tentative désespérée. Elle n’allait pas lui glisser entre les pattes ! Il la ramena contre lui de ses bras puissants, un rictus vicieux déformant sa mâchoire proéminente. Elle n’osa pas protester, ne voulant pas susciter une réaction violente de la part du barbare, qui la malmenait assez comme ça.

Un autre gorlak arriva alors qu’Urtok tâtait allégrement la petite noiraude. Il porta un regard malveillant sur la hastane, riant de ses efforts pour se délivrer de la poigne solide de son geôlier. Deux loups et un ours partiellement apprivoisés le suivaient, se pourléchant les babines en décelant le subtil effluve vanillé d’Isabella. Elle semblait bien plus ragoûtante que les gorlaks.

Urtok s’empara d’elle et la jeta sur la croupe du cheval, qu’il enfourcha par la suite. Ils se mirent en branle vers Luk’Maar. En chemin, Melkor, le dompteur de bêtes sauvages, frappa Isabella avec sa houlette. Elle tomba du dos de la monture en atterrissant durement au sol, ce qui provoqua une vive bourrasque de rires chez ces brutes. «C’qu’uls sunt frugiles, ces chuses-lù !». Urtok descendit nonchalamment, la soulevant par le vêtement avec une grande facilité. Ils retournèrent en califourchon et continuèrent sur la voie qui traverse le territoire mortanyss. Isabella ferma les yeux pour ne pas voir les têtes humaines exhibées au bout des javelines. Lorsqu’elle les rouvrit, elle sentit l’étau de la frayeur l’enserrer puissamment.

Ils rencontrèrent Ortharg, qui félicita Urtok pour sa magnifique capture. Il l’enveloppa d’un regard concupiscent, pensant à toutes les possibilités qu’offrait ce corps à la fois fragile et voluptueux. Elle était à leur entière disposition…

Luk’Maar, et ses palissades aux pointes aiguisées, se dressaient devant eux. Une senteur de sang leur parvenait aux narines, quelques cadavres de on-ne-sait trop quoi juchaient le sol.
Isabella dédia une pensée tendre pour Kent, croyant que son jour était venu.

[Il y aura une suite pour conclure, car mon séjour en Luk'Maar a vite été écourtée! Je vais quand même remercier tout de suite les joueurs ayant contribué à la scène. Merci à Urtok, Orth, Melk, Cruel, etc. C'était divertissant ^^
Edit : merci aussi pour la contribution de Shu et Kez machin que je retiens pas son nom xD]

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Ils arrivèrent à Luk’Maar avec la brunante, le ciel s’étant couvert de sombres nuages. Une pluie fine commença à pianoter sur leur armure, puis devint torrentielle. Ils traînèrent Isabella à travers le campement jusqu’au quartier militaire, où ils se réjouissaient d’avance de la déshabiller pour ensuite lui enfiler un haillon. Malgré ses contestations véhémentes, ils réussirent à lui déchirer ses vêtements sur le dos avec rudesse, ne prenant pas en considération sa fragilité. Elle glissa maintes fois dans la boue, se faisant relever sans ménagement après chaque chute. En se rebiffant, la gitane réussit à asséner un coup de pied à son agresseur, qui mécontent, lui rendit la pareille avec le manche de sa dague.

Elle tomba à nouveau dans une marre, sonnée. «Un pus su muquer d’Ortharg!».
Urtok avait laissé sa prisonnière aux bons soins de son confrère, qui après l’avoir revêtue de la robe, l’emmena à la taverne. Il lui expliqua qu’elle ne devait pas s’attabler sans en avoir l’autorisation. Elle devait rester parterre, comme une chienne. Isabella ne disait rien, complètement terrorisée. Elle se réfugia sous la table quand Azgar, dit «Cruel», franchit le seuil de la porte. Il aperçut la jeune fille, terrée comme un animal sauvage, à surveiller le déplacement des gorlaks présents.

Cruel prit place, puis ordonna à la hastane d’approcher. Celle-ci était bien trop effarée pour s’exécuter, alors Ortharg l’extirpa lui-même de sa cachette pour la pousser vers l’autre. Elle resta figée devant lui, rétrécissant à vue d’œil. Elle écrasa son petit fessier sur la chaise lorsque celui-ci le lui demanda, évitant de le contacter directement du regard.
Ortharg lui expliqua qu’elle était la prise d’Urtok, et qu’il lui avait dit de ne la perdre. Azgar décida d’en prendre possession, que c’était maintenant SON esclave.

-Dunne-mua une bunne raison pour luquelle ju tu tuerai pus!

Il lui donna un délais de cinq minutes pour y répondre, la pression l’écrasant complètement. Elle s’enfonça contre son dossier de chaise, intimidée, réfléchissant rapidement. Elle tenta une ruse en prétendant avoir beaucoup d’argents, mais seul Ortharg mordit à l’hameçon.

-Tu pas muquer du Cruel, ou ju rùgle vute ça!

Alors Isabella poussa plus loin la réflexion, ne sachant pas du tout quelle raison donner à un être dénué de moral et d’une pleine conscience. Elle finit par balbutier, alors qu’il annonçait trois minutes restantes.

-Jé… jé sais danser.

Cruel parut douter, tandis que l’autre gorlak s’enthousiasmait. Ils lui demandèrent une démonstration. La gitane se releva donc, allant prendre position. C’est alors qu’une brillante idée effleura Ortharg.

-Çu surait pluisant su la fumulle su mettre ù pwal!

Tant qu’à devoir se hancher devant des brutes étroites d’esprit pour sauver sa peau, autant le faire avec conviction. Isabella se dénuda, gardant tout de même ses sous-vêtements. Elle dut enterrer sa pudeur au fond d’elle-même et se seoir sur son orgueil!
La danseuse entama alors un déhanché sensuel, essayant d’y mettre du cœur. Les yeux s’arrimèrent sur elle, un flot de salive se formant sur le plancher de l’établissement.
Elle s’arrêta lorsque les deux gorlaks se mirent à parler avec animation.

-Su un la muttait dans une cuge dans undroit uchanladé?

Azgar adhéra à l’idée. À l’instant où il se leva pour marcher vers elle, elle s’empara de l’étoffe pour couvrir sa nudité. Il se délecta de son doux parfum, puis détailla la splendeur de ses traits faciaux pour s’en imprégner.

-À qui tu essaies du plaire cumme çu?

Isabella voulut le flatter, pour l’amadouer un peu.

-À.. à vous.

-À mua? Vruiment? Tu veux peut-ûtre faire un tour duns mus uppartements?

Elle branla négativement du chef, une expression d’horripilation au visage. Son regard revint lécher le sol, n’ayant plus la force de le poser sur lui. Il la prit par le cou, lui redressant le visage pour la contraindre à le regarder. Il lui proclama des menaces, puis partit d’un pas lourd. Ortharg disposa à sa suite de la salle, laissant la jeune hastane sous la surveillance de ses frères. Aucun d’entre eux ne lui fit vraiment du mal, même si certains s’amusaient à lui tirer des bouteilles dessus. Quelques-uns prévoyaient de la mettre dans leur couche, d’autres lui infliger beaucoup de multiples supplices.
Pour l’instant, tous étaient interdits.

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Isabella attendit que la salle se vide pour émerger de sa cache. Dehors, l’orage persistait. Elle allait se dissimuler dans un recoin du bâtiment, sous la toiture, regardant le rideau de pluie s'étendre à quelques centimètres devant elle. Elle aurait pu recueillir son eau en tendant la main, mais rien était anodin dans les circonstances. Tout était noir, empuanti d’une fumée âcre et de sang. C’est alors qu’un être la tira du méandre de ses songes dans un sursaut nerveux. En levant les yeux, elle reconnut une forme humanoïde qui se rapprochait plus de celle des hastanes que l’anomalie morphologique des gorlaks.

Il s’approcha, la forçant à se coller contre le mur, puis s’accroupit devant elle.«Mais que fais-tu là…».Un petit brin d’espoir réchauffa son cœur. Elle releva la tête pour le regarder plus méticuleusement, mais n’émit aucune réponse. Le doute lui liait la langue.

-Oh, je te parle.

Le sourcil se fronça, l’incertitude la gagnant momentanément. Qui était-il? Que lui voulait-il? Tant de questions, mais qui ne seront jamais illuminées. Il la souffleta du revers de sa main gantée, ce qui lui fendit la lèvre inférieure. Elle savait au moins qu’il n’était pas rangé à ses côtés. L’être émanait une vive chaleur, mais semblait si froid au fond de lui. Isabella le craignait… Il tenta de lui soustraire quelques réponses à ses interrogations, vainement. Elle se refusa à parler.

-J’espère qu’ils te battront bien.

Elle espéra qu’il parte, mais un gorlak se profila à la luminescence du feu. Il descendit de selle lourdement en apercevant la petite masse recroquevillée dans un coin, sauvagement.
Il fit quelques pas vers eux pour l’étudier d’un bref regard, puis un sourire sardonique amplifia la malformation de sa mâchoire exagérément saillante. La gitane eut peur. Cela ne l’empêcha pas de répondre insolemment à l’être, lorsque celui-ci fit mention de sa défunte cousine. Elle lui cracha son mépris, et se mérita une autre claque qui laissa sur sa joue une rougeur.

Enfin, elle les écouta échanger quelques paroles et capta leur nom. Shugruk et Kezwizk.
Le gros lourdaud décida de donner une bonne leçon à cette arrogante, la traînant de force hors de sa tanière du à son refus de sortir par elle-même. Le mortanyss l’encouragea avec animosité, épiant la scène, un peu en retrait. Shugruk la tira vivement, lui décrochant presque le bras. Il l’agenouilla devant une pile de bûches, puis y appliqua sa main pour lui broyer les os à grands coups de bouteille. Isabella poussa un cri qu’elle tua rapidement au fond de sa gorge, pinçant la courbe de sa bouche. Elle respirait fortement par le nez pour ne pas trahir sa souffrance par une plainte.

La vigie sonna, et Kezwizk dut manquer le vif du sujet pour voir de quoi il s’agissait. Son tortionnaire, quant à lui, s’arma d’un rondin pour poursuivre sa maltraitance. La poupée Tzigane rampa pour échapper à l’éventuel coup, qui la manqua de peu. Elle profita de la déstabilisation de Shugruk pour tenter de fuir, mais celui-ci la rattrapa pour la plaquer au sol. Il aurait bien voulu exploiter ce corps féminin, mais le mortanyss intervint pour le prévenir de la présence d’un hastane à la lisière du territoire.
Cette fois-ci, l’espoir n’était pas un leurre.

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Attachée après une parure de la taverne, Isabella luttait contre ses liens pour s’en départir. La douleur s’intensifiait quand elle frottait ses poignets l’un contre l’autre pour dans des tentatives de se libérer. Au bout d’une heure ou presque, le gorlak vint la chercher et la tira par la corde. À chaque pression qu’il exerçait, elle souffrait le martyr. Ils arrivèrent à la palissade, le temps se gâtant. Le tonnerre grondait et des orages déchiraient le ciel en lambeaux. Kent s’impatientait. Il voulait à tout prix voir Isabella, qui ne semblait pas si mal en point au premier abord. Kezwizk négociait avec lui le prix, tandis que le gorlak surveillait la prisonnière. Ils s’entendirent sur le montant de cinquante milles, puis Kent partit chercher la rançon.

En attendant, le mortanyss narguait la belle en croyant lui causer un pli, mais elle avait autre chose en tête. Shugruk la corrigea lorsqu’elle passa une raillerie, qui parut les offenser due leur réaction. Kent était de retour avec un cheval de trait, portant sur son dos un pesant fardeau. Isabella comprit que son cauchemar prenait fin. Ils la lui livrèrent après avoir délibéré et ils prirent le chemin du retour ensemble.

Mais Kent se doutait que ça ne se réglerait pas comme ça…