Alors que la Nouvelle-Luk'maar accueillait en son fort deux nouveaux arrivants plutôt étranges, un calme troublant régnait dans la nature environnante. Tôt ce matin-là, une patrouille avait rapporté la présence d'attroupements relativement importants du coté des tribus trolls. En entendant cette nouvelle, Urtok donna l'ordre à ses hommes de rester vigilant et d'ouvrir l'œil.
La journée s'annonçait plutôt sombre et brumeuse, quand les deux voyageurs exténués pénétrèrent enfin dans la forteresse de guerre de la Horde. Néanmoins, tout était très calme. Trop calme?
Urtok, du haut de son lama, dévisagea les deux visiteurs: un drakan, inconnu de tous ou presque, accompagné d'un kardar, forgeron de grande renommée, du nom de Baduk. Après un bref instant de réflexion, il les invita à venir se reposer et prendre une bière à la taverne du coin, la seule et unique en tout Nouvelle-Luk'maar, et la meilleur, d'ailleurs.
Une fois assieds en compagnie de gens du temple, de Krokus et de leurs deux hôtes, les gorlaks entendirent le puissant sonnement d'un cor dans la brume, au dehors. L'appel était bref, ce qui laissait présager le pire...
Sans se départir de leur flegme et de leur pragmatisme habituel, tous les guerriers tirèrent leur lame ou saisir leurs armes et se levèrent. Sortant pour voir de quoi il en retournait, la nouvelle se répandit à une vitesse effarante, annonçant l'incursion d'une troupe de guerriers trolls sur les terres mêmes de la cité forte.
Abasourdis par l'audace de ceux qu'ils considéraient comme des êtres inférieurs, fiers et sans peur, Krokus, Gralmag et Urtok sortirent des fortifications pour tenir tête à l' "envahisseur".
À peine eurent-ils pris la parole pour sommer ces bêtes idiotes de retourner dans leur montagne que les hostilités étaient engagées. Urtok sonna le replis immédiat, mais les farouches combattants, orgueilleux et téméraires, restèrent. Jusqu'à ce que, débordés, ils ne fussent littéralement repoussés à l'intérieur de l'enceinte.
Là, ils s'efforcèrent de garder les grilles closes, mais un troll, plus gros et plus fort que les autres, parvint, malgré les efforts combinés de Gralmag et Krokus, à la soulever et la maintenir ouverte.
Une première vague d'attaquants s'engagea en la cité, pour leur plus grand mal, car ils y furent tous massacrés jusqu'au tout dernier: Le plus gros et le plus fort, le meneur, en apparence, qui avait pris parole, avant que ne commence la mêlée, dans la langue des Gorlaks.
Pendant ce temps, la majeur partie des trolls faisaient pression sur les portes qui s'apprêtaient à céder. Sans la force formidable de leur chef, ils n'y parviendraient pas avant un bon moment, mais Urtok, ayant un trouvé le moyen de les disperser, gravit à toute vitesse les échelles qui menaient au chemin de ronde.
Là, il se dirigea vers le canon le plus près et l'orienta le plus possible en direction de l'entrée du pont (là ou le gros de la masse se tenait). Déversant de la poudre noire dans l'orifice de l'arme d'artillerie lourde, il ramona vivement et frénétiquement avant d'y glisser un boulet et d'allumer la mèche, le tout avec une sorte d'excitation sanguinaire. Se couvrant les oreilles, il se pencha par-dessus le mur pour observer, en riant, l'étendu des dégâts.
Le boulet, percutant les trolls de plein fouet, en avait démembré plusieurs et tua la majorité. Urtok tira à nouveau et ce fut la pagaille chez les trolls. Fuyant en braillant à tut tête et en se bousculant, les derniers retardataires furent achevés par les traits des sentinelles, enfin arrivées.
Quand Urtok redescendit, le chef de la meute se dressait, seule, au beau milieu de la place publique et eut même l'arrogance de gravir les marches du donjon.
C'est là que les gorlaks l'affrontèrent. L'assaillant brutalement et férocement de toute part, plongeant leurs lames ensanglantées dans sa chaire sans aucune pitié, ils finirent par mettre à terre cette bête immense.
Les combats bel et bien terminés, Gralmag en trancha la tête qu'il planta au bout d'un pic juste à coté de l'amoncellement de cadavres trolls auquel ils mirent gaiement le feu.